Programmation vidéo
Anne-Charlotte Finel
jeudi 18 avril 2024, 18h30 à 20h00
À l’occasion de « Respiro », Anne-Charlotte Finel a carte blanche pour nous faire découvrir une sélection de vidéos qui n’ont cesse de la nourrir dans la manière de concevoir son travail plastique et qui entre en écho avec les œuvres qu’elle propose dans son exposition à La Criée.
Virginie Yassef, dog dreams, 2021
Vidéo couleur et son, 18min44
images : Firat Övür, musique : Giancarlo Vulcano, montage : Pierrick Mouton
Courtesy Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois
Pourquoi n’accorderait-on pas au rêve ce qu’on refuse parfois à la réalité, soit cette valeur de certitude… ? […] C’est grâce aux rêves que nous pouvons nous affranchir de cet « autisme cosmologique », sortir de cet isolement ontologique et entrer, enfin, en communication avec les autres espèces, vivantes et mortes, reconnaître, enfin, leur puissance d’agir et de penser. Car, ce qu’il faut comprendre, c’est que le rêve, comme la pensée, n’est pas un privilège humain. Les chiens rêvent aussi et dans leurs songes ils sondent les tremblements de la terre.
Les images de Virginie Yassef présentent des chiens à Istanbul qui dorment profondément sur le sol d’une faille sismique. Leur sommeil est de plomb et notre regard se fait absorber par les différentes textures de poils. Un fragment pour un ensemble : on se laisse prendre en pleine synecdoque. L’infiniment petit devient l’infiniment grand et l’espace de la vidéo contamine l’espace qui l’entoure.
(Source : Tristan Bera, extrait du communiqué de presse de l’exposition Dogs dream à la galerie GPN Vallois, 2022)
Daniel Steegmann Mangrané, Phasmides, 2008-2012
Film 16 mm en HD, couleur, 22min41
Quasiment invisibles, des phasmes sont filmés alors qu’ils évoluent successivement dans des constructions géométriques, humaines, et dans la nature. Daniel Steegmann Mangrané joue avec l’apparition et la disparition de ces êtres sensibles et maîtres du camouflage qui deviennent, par la perception, quasi végétaux.
Comme ses œuvres Espaço avenca et Growing Economies, la vidéo intitulée Phasmides rend compte de la réflexion écologique de l’artiste à travers la figure du phasme. Il aurait aperçu cet insecte ressemblant à une brindille ou une feuille lors d’une de ses visites au Museu do Açude, à Rio. La disparition rapide de l’animal l’a incité à repenser le statut de l’image, une réflexion qu’il décline ici avec la cellulose, composant organique de la pellicule du film.
Jacques Perconte. Avant l’effondrement du mont Blanc, 2020 (2019-2020)
Film couleur, son stéréo, 16min
Dédié au massif éponyme du Mont Blanc, le film s’accompagne d’une question brûlante : sommes-nous les derniers à avoir la chance de voir le sommet du Mont Blanc ? Tout cela en réponse à l’augmentation des températures de la terre, qui entraîne la fonte des glaciers à un rythme accéléré.
Sommes-nous les derniers à pouvoir voir les sommets du mont Blanc ? La chaleur des étés, les hivers trop doux y sont pour beaucoup dans les écroulements rocheux, qui se multiplient depuis une vingtaine d’années. Les montagnes s’effondrent. Si c’est le signe d’un dérèglement climatique, c’est aussi celui de notre attachement au paysage que nous voudrions pouvoir classer comme un patrimoine.
Le massif du mont Blanc n’est pas à nous, la montagne est un état, c’est un moment, elle n’était pas, et elle changera quoi qu’il en soit. Le problème ici serait celui de la vitesse. Parce que l’équilibre de ces pics qui défient le vide, la longévité de ces glaciers n’est que notre point de vue. À l’échelle du mouvement de la planète, c’est une vibration.
Les montagnes tombent, nous n’y pouvons rien. Et même si nous avons les moyens de nous élever à leur hauteur pour les admirer, pour dépasser ces sommets inaccessibles où de nombreux explorateurs ont perdu la vie en voulant accéder au privilège de les vaincre, les montagnes continueront à tomber comme elles continuent de s’élever. Si le mont Blanc s’effondre, il s’élève aussi.
(Source : https://www.jacquesperconte.com/oe?244)