Roderick Buchanan
né en 1965 à Glasgow, Écosse

Roderick Buchanan, Roddy the Pict, vue de l’exposition From a city of one million, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras
Roddy the Pict, 2007
Roddy The Pict (I don’t have tattoos but if I did I’d probably look like this) est un autoportrait individuel à forte dimension familiale. Le corps nu de l’artiste, divisé en trois, est en effet recouvert de ces tatouages éphémères qu’utilisent beaucoup ses trois jeunes fils.
Mais comme toujours chez l’artiste, la pièce offre de multiples degrés de lecture. Image de la nudité et du recouvrement. Triptyque vertical d’un corps qui se présente, sorte d’Ecce homo primitif. Double référence encore : l’une à l’intimité des siens, cette paternité soucieuse des signes dont usent ses enfants, l’autre à cette propension des Britanniques au tatouage qui, on l’aura remarqué, ne revêt pas chez eux cet air canaille qu’il dénote ici. Mais plus encore : allusion revendiquée à ces guerriers des basses terres d’Écosse, ces Pictes qui harcelèrent les troupes romaines au-delà du mur d’Hadrien. Leur nom même désigne leur apparence d’hommes peints ; peinture de guerre, peinture cependant. C’est la raison pour laquelle, dans le titre, Roderick Buchanan s’attribue le surnom de Roddy the Pict, confirmant s’il était besoin la nature profondément picturale de l’ensemble de son travail.
Jean-Marc Huitorel, commissaire de l’exposition « Roderick Buchanan : From a city of one million », 2007

Roderick Buchanan, The ball and the stadium, vue de l’exposition From a city of one million, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras
The ball and the stadium, 2007
« Le ballon et le stade.
A chaque fois que je regardais un match depuis les gradins du stade, je souhaitais qu’un jour le gros défenseur balancerait le ballon par-dessus le toit et le ferait disparaître vers la ville.
Cela fait un petit moment que j’en rêve.
Or, je voudrais réaliser ce rêve, mais à l’envers.
Imaginez un mortier qui pourrait tirer des ballons sur la pelouse depuis l’extérieur du stade.
Un gros canon sympathique garé sur le parking.
Imaginez les bruits qui courraient à travers la ville.
David contre Goliath.
Est-ce possible ?
Au crépuscule quand la lumière s’efface et quand le Stade Rennais se transforme en gros coquillage vide aux limites de la ville, le premier ballon vole à travers le ciel, passe par-dessus le mur en béton et s’arrête (atterrit) pile sur le point d’engagement. Plouf ! »
Roderick Buchanan

Roderick Buchanan, Proposal for Stade Rennais, vue de l’exposition From a city of one million, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras
Proposal for Stade Rennais, 2007
« Une proposition pour le Stade Rennais
Quand on est défenseur, on vous apprend que dans une situation dangereuse, il faut dégager le ballon tout de suite. Chaque semaine il y a un moment pendant le match où le défenseur balance le ballon au ciel d’un gros coup de pied et je crois juste un instant, avec tous les autres supporteurs au stade, qu’il va passer par-dessus la tribune.
Quelle force faudrait-il pour tirer un ballon à vingt mètres dans le ciel, à soixante mètres pour sortir du stade ?
Je voudrais bien le savoir.
Il existe une tradition à Edimbourg : depuis les remparts du château, on tire un coup de canon par-dessus la ville tous les jours à 13 heures.
Et si l’on s’appropriait cette cérémonie pour nous-mêmes ?
Si l’on tirait un ballon chaque minute tout au long de la nuit ?
On ferait une grosse fête, on laisserait le stade allumé et on inviterait toute la ville à venir regarder la réalisation d’un rêve collectif. »
Roderick Buchanan

Roderick Buchanan, Improvised mortar clock, 2007
vidéo couleur, son
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

Roderick Buchanan, Improvised mortar clock, 2007
vidéo couleur, son
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
Improvised mortar clock, 2007
Comme le titre de la vidéo l’indique – Improvised mortar clock – Roderick Buchanan a improvisé avec un ami la fabrication d’un canon à propulsion pour ballon de football. A l’intérieur d’un appartement privé, le ballon est propulsé en un coup de poing dans un tube coincé sur une fenêtre ouverte, pour retomber sur la pelouse de l’immeuble d’habitation.
Si les moyens utilisés sont pauvres et la situation domestique-sportive quelque peu absurde, le protocole est néanmoins strictement respecté et rigoureusement appliqué : dépose du ballon, ajustement, décompte des secondes à partir d’une pendule, lancement du top départ, constat, redécompte…
A l’image d’une partie de football, c’est tout le plaisir du jeu et la rigueur du travail qui sont ici mêlés. Par sa passion du football, Roderick également un clin d’oeil au processus de création artistique, questionnant les modalités de production d’une œuvre qui se voudrait exigeante, rigoureuse, mais également inventive et ouvertement inattendue.

Roderick Buchanan, Scottish cakes, vue de l’exposition From a city of one million, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras

Roderick Buchanan, Scottish cakes, vue de l’exposition From a city of one million, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras

Roderick Buchanan, Scottish cakes, vue de l’exposition From a city of one million, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras
Scottish cakes, 2007
Scottish Cakes constitue un autoportrait collectif au moyen d’un inventaire photographique de gâteaux écossais que l’artiste s’est procuré dans des pâtisseries situées dans le quartier populaire de Glasgow où il vit.
Sobrement phographiées et strictement alignées en quatre lignes s’étalant sur deux vastes pans murs de La Criée, les photographies de gâteaux s’offrent à la gourmandise du regard. L’œuvre ne fonctionne pas tant en vitrine décorative de séduction pâtissière qu’en installation quasi clinique et conceptuelle. Mais paradoxalement, cette rigueur d’installation permet de laisser libre expression à la singularité des gâteaux et à leurs riches contradictions : profusion des couleurs ou au contraire monochromie stricte, matière expressive et dégoulinante ou maîtrise sobre de la pâte à gâteau, ajout de motifs figuratifs ou simple dépose de signes d’abstraction.
Un jeu s’instaure avec le visiteur qui tente alors de deviner tout en désamorçant les questions relatives à « l’identité » et « l’expressivité » anthropomorphiques des pâtisseries.