Éléonore Saintagnan, « L’Œuf pondu deux fois » - Ressources pédagogiques

Biographie

née en 1979 à Paris (France)
vit et travaille à Bruxelles (Belgique)

Éléonore Saintagnan a effectué des études en arts plastiques et en cinéma, a suivi le post-diplôme du Fresnoy et le master « art et politique » à l’Institut d’études politiques.

Le travail d’Éléonore Saintagnan peut prendre différentes formes, entre vidéos, courts-métrages, installations, sculptures et même jeux de société. L’artiste s’intéresse à des thèmes renvoyant aux traditions de certains territoires, ou à des communautés spécifiques : une équipe de joueurs de quilles, les origines de l’homme, la vie d’une jeune femme sur l’île de Ouessant, etc. Pour réaliser ses œuvres, elle procède alors par rencontres, par observation et par immersion au cœur de ces lieux pour en restituer le fonctionnement.

Au-delà d’un travail documentaire, l’artiste interagit véritablement avec les personnes et les lieux qu’elle filme, jusqu’à en réaliser une fiction, se plaçant ainsi entre subjectivité et objectivité, intimité et universalité, étude ethnologique et récit fantastique.

 

L’ŒUF PONDU DEUX FOIS

Œuvres exposées

Trois cabanes


trois cabanes en bois, roseaux, ficelle et fil de fer, cagettes, et écorces de châtaignier
300 × 300 × 525 cm
454 × 309 × 276 cm
454 × 309 × 276 cm
production : La Criée centre d’art contemporain

 

Films

La Grande nouvelle
vidéo HD couleur stéréo, 15 min, 2019
coproduction Centre National des Arts Plastiques et Groupe de Recherches et d’Études Cinématographiques
courtesy de l’artiste 

Une fille de Ouessant
vidéo HD couleur stéréo, 28 min, 2018
coproduction Michigan films et Mains d’œuvres avec l’aide du film court en Seine-Saint-Denis, de Finis Terrae, de la fédération Wallonie-Bruxelles et de la Cinémathèque de Bretagne
courtesy de l’artiste 

Les Malchanceux
vidéo HD couleur stéréo, 33 min, 2012
coproduction Red Shoes et Artconnexion
courtesy de l’artiste 

Un film abécédaire
vidéo HD couleur stéréo, 21 min, 2010
sur une proposition du PNR BV (Parc naturel régional des Ballons des Vosges)
coproduction et diffusion Red Shoes
courtesy de l’artiste

 

Sculptures

Adam
grès coloré,
Ø 48 cm × H 73 cm,
2019
courtesy de l’artiste

Bronsky
céramique émaillée,
Ø 40 cm × H 31 cm,
2019
courtesy de l’artiste

Kim
grès coloré,
Ø 48 cm × H 62 cm,
2019
courtesy de l’artiste 

La reine
grès coloré,
Ø 47 cm × H 66 cm,
2019
courtesy de l’artiste 

L’enfant
grès coloré,
Ø 40 cm × H 61 cm,
2019
courtesy de l’artiste 

Marie Françoise
grès coloré, porcelaine,
Ø 34 cm × H 62 cm,
2019
courtesy de l’artiste 

Olifant
grès coloré,
Ø 60 cm × H 73 cm,
2019
courtesy de l’artiste

 

Jeux

12 Rochers
kapok, velours gris,
diverses dimensions,
2019
courtesy de l’artiste 

Noritapis
nubis, hanboks et kimonos (coton et soie), clochettes et pions en céramique,
2 m × 3 m,
2015
courtesy de l’artiste

Abécédaire

Abécédaire : Un film Abécédaire a été tourné dans les Vosges par Éléonore Saintagnan. Divisé en sept chapitres, le film propose une forme d’inventaire des rencontres de l’artiste avec les habitants du parc.

Brisset (Jean-Pierre) : Jean-Pierre Brisset (1837-1919) est l’auteur de « La grande nouvelle », une publication consacrée à ses découvertes, intuitions (il pensait que l’homme descend de la grenouille) et autres élucubrations sur l’origine du langage. Il a été également pâtissier, précepteur, militaire, inventeur, maître-nageur, chef de gare et linguiste autodidacte. Il a inspiré plusieurs œuvres à Éléonore Saintagnan (dont Dieu et la stéréo).

Cabane : La cabane désigne à l’origine une petite maison ou une chaumière. Pour le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott, c’est aussi « un espace transitionnel », une aire de jeu. Trois cabanes (en bois, chaume et copeaux de châtaigniers) sont présentées dans l’exposition d’Éléonore Saintagnan.

Documentaire : L’artiste a été formée au documentaire de création, ce qui rejaillit dans son travail, notamment au travers de son utilisation des documents d’archive.

Engobe : Revêtement à base d’argile, appliqué sur des pièces de céramique pour en dissimuler la couleur naturelle. Ethnographie : Le travail d’Éléonore Saintagnan peut s’apparenter à un travail ethnographique, du fait de son intérêt pour des territoires, des communautés et des savoir-faire qu’elle retranscrit dans ses films.

Fiction : Les films d’Éléonore Saintagnan proposent un flottement entre fiction et réalité et rejoignent le genre littéraire du conte, notamment au travers des voix-off qu’elle utilise.

Gonu : C’est un jeu coréen présenté par Éléonore Saintagnan dans son exposition et qui se joue avec des clochettes en céramique. Grès : Le grès est un matériau céramique compact, résistant et caractérisé par une porosité pratiquement nulle, du fait notamment de sa température de cuisson, qui s’élève à plus de 1200°C.

Hanbok : Habit traditionnel coréen. Les parties en soie colorée ont été utilisées par E. Saintagnan pour réaliser le tapis de jeux Noritapis dans son exposition « L’Œuf pondu deux fois ».

Jeux : Avec l’ensemble « Noritapis », Éléonore Saintagnan invite les visiteur·se·s à jouer à des jeux de plateaux traditionnels occidentaux (Othello, échecs) et coréens (Gonu et Yut).

Kimono : Le kimono est un habit traditionnel japonais. E. Saintagnan a utilisé la ceinture noire d’un kimono pour confectionner son Noritapis.

Malchanceux (Les) : Il s’agit du titre du film d’E. Saintagnan qui raconte l’histoire d’un tournoi de joueurs de quilles traditionnelles dans le Nord-Pas-de-Calais. Les malchanceux est le nom donné aux perdants qui conservent néanmoins le droit de continuer à jouer ; l’essentiel étant de vivre un moment de convivialité. Marginaux : Dans ses films, Éléonore Saintagnan s’intéresse autant aux communautés, qu’aux individus, aux personnes marginaux ou marginalisés des territoires qu’elle raconte. Dans Un Film Abécédaire, on découvre ainsi un couple de vikings modernes, un Saint-Nicolas traversant la forêt, etc. toutes et tous ont accepté d’être filmé·e·s et de livrer ce qu’ils·elles voulaient.

Nubis : Les couvertures nubis sont des couvertures traditionnelles coréennes. L’artiste en a acheté sur un marché en Corée du Sud (des modèles unis contemporains) et les a utilisées pour confectionner le Noritapis.

Oeuf pondu deux fois (L’) : Le titre de son exposition L’Œuf pondu deux fois est emprunté à un roman de Richard Brautigan[1], dans lequel un bibliothécaire recueille jours et nuits des manuscrits non publiés, déposés par leurs auteurs. Othello : jeu de stratégie se jouant à deux, sur un plateau de 64 cases et avec des pions bicolores blancs et noirs. Oxyde : Élément composé d’oxygène. Il existe des oxydes naturels, comme les oxydes de fer ou d’aluminium, ainsi que des oxydes industriels. Les oxydes servent de colorant, lorsqu’ils sont mélangés à de l’argile, pour former un engobe.

Parc naturel régional des Ballons des Vosges : Le parc a été créé en 1989 à l’initiative de la région Grand-Est (anciennes régions Alsace, Lorraine et Franche-Comté). Il s’étend sur 3000 km² et comprend 14 sommets. E. Saintagnan y a tourné Un Film Abécédaire.

Quilles : Le jeu de quilles est une activité sportive traditionnelle. Dans Les Malchanceux, Éléonore Saintagnan filme un tournoi de quilles dans le Nord-Pas-de-Calais.

Rencontre : Les films d’E. Saintagnan sont les fruits de rencontres et d’un travail en immersion. Elle les restitue à La Criée au sein d’installations, associés à des objets, qui invitent au partage et aux échanges.

Totems : Pour l’exposition, Éléonore Saintagnan a réalisé un ensemble de poteries aux formes de visages et d’animaux. Ces sculptures pourraient être, selon elle, les habitants d’un village imaginaire, des formes de totems rappelant les esprits des ancêtres.

Village : Pour son exposition, Éléonore Saintagnan transforme l’espace de La Criée en une place de village imaginaire, bordée de cabanes, qui serait comme le point de rencontre entre les différents lieux où elle a travaillé (en Bretagne, dans le Nord, le Grand-Est, en Corée, etc.)

Wilde (Oscar) : Écrivain irlandais du XIXe siècle, cité par E. Saintagnan, comme l’un de ses auteur·e·s préféré·e·s.

Yut : Le yut est un jeu de plateau d’origine chinoise, proche des petits chevaux, très populaire en Corée du Sud, qui se joue avec des bâtons en bois et des pions bicolores.

* Richard Brautigan, L’avortement : une histoire romanesque en 1966, 1970 (traduit en 1973 par Georges Renard)

Yut nori

Yut nori (Yunnori), communément appelé « Yut » est un jeu de plateau d’origine chinoise, datant de la dynastie des Han. Ce jeu est très pratiqué en Corée du Sud, notamment pour les célébrations familiales du nouvel an. Le jeu du Yut se joue à deux joueurs et s’apparente au jeu des petits chevaux.

Matériel

Le jeu se compose de quatre 윷 (Yut  – bâtons de bois  servant de dés), d’un plateau de 29 cases et de huit pions. Yut nori est très souvent fabriqué de façon artisanale par les familles.

But du jeu

Le but du jeu est de faire faire un tour de plateau à l’ensemble de ses pions en premier.

Déroulé du jeu

Une fois les 윷 (Yut) lancés, le pion avance du nombre de cases indiquées. Si l’occasion se présente le tour est rejoué puis c’est à l’adversaire de jouer.

À chaque tour, le joueur choisit s’il veut continuer à avancer un pion déjà engagé, ou en mettre un nouveau en jeu.

Lorsqu’un pion d’une couleur tombe sur un pion de la couleur opposée, le pion de la couleur opposée est retirée du plateau et le joueur peut rejouer un tour.

Lorsqu’un pion d’une couleur tombe sur un pion de la même couleur, les deux pions peuvent alors être déplacés ensemble. Cela permet d’accélérer le déplacement autour du plateau, mais fait prendre le risque de perdre les deux pions d’un coup, si un pion de couleur adverse tombe sur celui-ci.

Les « dés » et combinaisons

Il y a un cercle délimité dans lequel les 윷 (Yut) sont lancés et doivent tomber. Si un des 윷 (Yut) n’atterrit pas dans cette zone, alors le joueur n’avance d’aucune case.

Les 윷 (Yut) comportent 2 faces, une face plate vide et une face arrondie dessinée.

Le joueur lance les quatre 윷 (Yut) et peut avancer d’un nombre de cases correspondant au nombre de bâtons sur le dos. Si les quatre bâtons sont sur le dos, il y a alors « yut », s’ils sont côté plat vers le sol, le joueur avance de cinq cases.

Les trajectoires possibles sur le plateau de jeu

Les pions peuvent choisir leur chemin à chaque intersection. Le passage par la partie intérieure permet de réduire la longueur du parcours.

Fin de la partie

La partie s’achève lorsqu’un joueur a ramené tous ses pions à la case départ.

Sources

https://www.seodang.fr/article/le-jeu-du-yutnori/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Yunnori

Othello / Reversi

Historique

Le Reversi a été créé dans les années 1880, par L. Waterman et JW. Mollett. Il est le premier jeu basé sur le principe de retournement de pions pour acquérir ceux de son adversaire, à la différence des jeux d’échecs ou de dames.

Le jeu Othello a été réinventé en 1973 par le japonais G. Hasegawa, il est maintenant pratiqué dans de très nombreux pays dans le monde. Il attire tous les publics du fait de la simplicité mais aussi de l’aspect stratégique de ses règles.

Description

Othello est un jeu de stratégie se jouant à deux, sur un plateau de 64 cases (8 × 8) avec des pions ronds bicolores noirs et blancs. Avant de commencer, chaque joueur prend 32 pions et choisit sa couleur (blanche ou noire). Le pion est noir si sa face noire est visible, il est blanc si sa face blanche est sur le dessus.

But du jeu

Le but du jeu est d’encadrer les pions de son adversaire pour se les approprier, afin d’avoir plus de pions de sa couleur sur le plateau de jeu à la fin de la partie.

Position de départ

Au début de la partie, deux pions noirs sont placés en E4 et D5 et deux pions blancs en D4 et E5.

Déroulé du jeu

Chacun à son tour, les joueurs vont poser un pion de leur couleur sur une case vide, adjacente à un pion adverse. Chaque pion posé doit obligatoirement encadrer un ou plusieurs pion(s) adverse(s) avec un autre pion de sa couleur, déjà placé.

Il retourne alors le ou les pion(s) adverse(s) qu’il vient d’encadrer. Les pions ne sont ni retirés de l’othellier, ni déplacés d’une case à l’autre.

On peut encadrer des pions adverses dans les huit directions et plusieurs pions peuvent être encadrés dans chaque direction.

Fin de la partie

La partie se termine en général lorsque les 64 cases du plateau de jeu sont remplies et qu’aucun des deux joueurs ne peut jouer. Afin de déterminer le score de la partie, on compte le nombre de pions par couleur. Les cases laissées vides sont comptées par le vainqueur.

Sources

http://www.ffothello.org/othello/regles-du-jeu/

http://www.lecomptoirdesjeux.com/regle-reversi.htm

À pieds d’œuvres

Pour aller plus loin dans l’exploration de l’exposition L’Œuf pondu deux fois d’Éléonore Saintagnan, retrouvez le dossier pédagogique À pieds d’œuvres, rédigé par Fabrice Anzemberg, et Yannick Louis, respectivement professeur d’arts plastiques et professeur d’histoire et géographie, tous deux conseillers relais de la DAAC (Délégation académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle) pour le musée des beaux-arts et La Criée centre d’art contemporain.Le dossier pédagogique est accessible en cliquant sur le lien suivant :À pieds d’oeuvres – Cabanes

Bibliographie - L’œuf pondu deux fois

Bibliographie sélective en lien avec l’exposition L’œuf pondu deux fois d’Éléonore Saintagnan

Richard Brautigan, Mémoires sauvés du vent, titre original So the wind Won’t blow it away (1982)
Jean-Pierre Brisset, Œuvres complètes, réédition M. Décimo, les presses du réel (2001)
Lewis Carroll, Le jeu de la logique, réédition Fantaisium (2019), titre original The Game of Logic (1887)
Vinciane Despret, Que diraient les animaux si…on leur posait les bonnes questions ? éditions La Découverte (2012)
Jeanne Favret-Saada, Les Mots, la Mort, les Sorts (1977)
Charles Fourier, Théorie des quatre mouvements et des destinées générales (1808), réédition les presses du réel (2009)
Jean Girel, La Sagesse du Potier (2004)
Raymond Roussel, Comment j’ai écrit certains de mes livres (1935)

Pour prolonger les lectures …

de Richard Brautigan :
Le monstre des Hawklines (1973), titre original The Hawkline Monster: A Gothic Western (1974)
Un général sudiste de Big Sur (1975), titre original A Confederate General From Big Sur (1964)
Un privé à Babylone, titre original Dreaming of Babylon: A Private Eye Novel (1942)
La vengeance de la pelouse (1983) titre original Revenge of the lawn (1970)
Journal japonais (1992) Revenge of the lawn (1970)

de Lewis Carroll :
Alice au pays des merveilles (1865), titre original Alice’s Adventures in Wonderland
De l’autre côté du miroir (1871), titre original Through the Looking-Glass, and What Alice Found There
La chasse au Snarck (1876), titre original The Hunting of the Snark

de Vinciane Despret, Habiter en oiseau, Acte Sud, Nature monde sauvages (2019)

de Brian Stanley Johnson, Les Malchanceux, titre original The Unfortunates (1969) 

de Raymond Roussel, Locus solus (1914)

de John Kennedy Toole, La conjuration des imbéciles (1980)

Bibliographie jeunesse :

Claude et Morino, Adrien Albert,Tomes 1 et 2, l’école des loisirs (2019)

de Jockum Nordström :
Marin et son chien, éditions Pastel (2005)
Sailor et Pekka font des courses, éditions Cambourakis (2017)
Sailor est malade, éditions Cambourakis

La première nuit dehors, Audrey Poussier, l’École des Loisirs (2005)

Jean-Pierre Brisset, « Prince des penseurs »

Jean-Pierre Brisset est né en 1837 et mort en 1919. Il quitte l’école à douze ans pour aider ses parents à la ferme, puis part à quinze ans comme apprenti pâtissier à Paris. En 1855, il s’engage dans l’armée et prend part notamment à la guerre de Crimée. Sa carrière dans l’armée lui permettra curieusement d’apprendre plusieurs langues, comme l’italien ou l’allemand. Après sa démission en 1977, il sera d’ailleurs engagé comme professeur de langues vivantes à Paris. Il est nommé en 1879 commissaire de surveillance administrative à la gare d’Orchies, puis en 1880 à la gare d’Angers Saint-Serge, avant de finir sa carrière à la gare de L’Aigle dans l’Orne en 1904.

Brisset a donné de nombreuses conférences à Paris, il a été l’auteur d’un Art de nager (1871), de trois grammaires (1874, 1878, 1883), l’inventeur de deux brevets (dont « la ceinture-aérifère de natation à double réservoirs compensateurs à l’usage des deux sexes »). Après 1889, il débute une œuvre prophétique de 1300 pages, comprenant Le Mystère de Dieu est accompli (1890) ; La Science de Dieu ou la Création de l’homme (1900) ; La Grande Nouvelle (1900), qu’il fit distribuer gratuitement dans Paris par des crieurs publics ; Les Prophéties accomplies. Daniel et l’Apocalypse (1906) ; Les Origines humaines (1913). En 1913, il fut élu « prince des Penseurs » contre Bergson par Jules Romain, sans savoir que ce prix relevait en fait d’un canular.

À une époque marquée par l’apport du darwinisme, Jean-Pierre Brisset tente d’établir un discours sur les origines humaines et sur les mystères de l’évolution, en basant sa réflexion sur le fait que l’homme descendrait de la grenouille. Pour ce faire, l’auteur progresse de façon assez poétique, en explorant les multiples ressources du langage, jouant par exemple sur des homophonies, des paronymies, des homonymies, des holorimes et des calembours. Cette forme d’écriture a inspiré de nombreux artistes comme Marcel Duchamp et André Breton.

Dans les premières lignes de La Grande Nouvelle, Jean-Pierre Brisset écrit :

LA GRANDE LOI CACHÉE DANS LA PAROLE
Toutes les idées que l’on peut exprimer avec un même son, ou une suite de sons semblables, ont une même origine et présentent entre elles un rapport certain, plus ou moins évident, de choses existant de tout temps ou ayant existé autrefois d’une manière continue ou accidentelle.
Soit, comme exemple, les quatre sons : Les dents, la bouche.
On peut écrire : L’aide en la bouche, lait dans la bouche, laid dans la bouche, laides en la bouche, etc.

Ce texte prend alors la forme d’un préambule, dans lequel l’auteur amorce les analyses linguistiques qu’il va développer plus loin. Dans son film La Grande Nouvelle, présenté dans la seconde salle de La Criée, Éléonore raconte l’histoire de Pierre Brisset, un petit garçon de cinq ans, alors qu’il fait ses premières découvertes et développe ses premières intuitions sur les origines batraciennes de la vie humaine. Dans ce film, Éléonore Saintagnan mêle le conte à son histoire personnelle (le film a été tourné dans la ferme de son enfance dans le Tarn) et bien sûr à celle de Jean-Pierre Brisset.

 

Pour accéder aux textes de Jean-Pierre Brisset mis en ligne gratuitement par Les Presses du Réel

Sources :

DÉCIMO, Marc, « Jean-Pierre Brisset et « la folie de l’insolite » considérée du point de vue de Marcel Duchamp, d’André Breton, de Raymond Queneau, de Michel Foucault et de quelques autres », Topique, 2012/2 (n° 119), p. 71-86. URL : https://www.cairn.info/revue-topique-2012-2-page-71.htm

GARBIT, Philippe, « Vie et oeuvre de Jean-Pierre Brisset « prince des Penseurs » pour qui « L’homme descend de la grenouille »… », France Culture, émission diffusés le 1er avril 2018. Lien URL : https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/vie-et-oeuvre-de-jean-pierre-brisset-qui-pensait-que-lhomme-descend-de-la-grenouille

SANCHEZ, Serge, «Jean-Pierre Brisset, Prince des Penseurs, Inventeur, Grammairien et Prophète », Le Nouveau magazine littéraire, n°402, oct. 2001. Lien URL : https://www.nouveau-magazine-litteraire.com/jean-pierre-brisset-prince-des-penseurs-inventeur-grammairien-et-proph%C3%A8te

 

L'exposition