Luna Park hôtel, chambre 14 (Tamara Millavigo) (...) « En se faufilant dans la salle d'eau, elle nous fait découvrir un dernier espace. Elle ouvre le robinet et laisse couler l'eau. On ne la voit plus, mais nos sens s'éveillent. Sans que personne l'ait soupçonné, ses doigts s'égarent dans ma poche. Une histoire de toucher invisible, comme un clin d'œil, l'intime est vécu. Alors je suis curieuse de savoir comment cela a débuté. Étaient-t-elles déjà là dans la pièce lors de l'entrée des hôtes ? Si rien n'était défini à l'avance en ce qui concerne le placement des « hôtes », pourquoi avons-nous occupé uniquement la chambre ? Pourquoi ne sommes-nous pas allés dans la salle d'eau, ni dans l'entrée ? » (...)
tiré de la Revue Funambule
« Chambre se déroule dans une chambre d’hôtel retenue à la journée : les lits sont des scènes, les fenêtres, les placards, les salles de bain des territoires d’investigation et d’aventure corporelle. Selon les jours, le chantier peut se dérouler à huis clos où s’ouvrir à quelques spectateurs invités à partager un espace de proximité extrême, restreint, encombré, parfois surpeuplé. À certains moments, les actants revêtent des masques enfantins (mickey, spirou, etc.) qui évoquent et mettent en abyme les jeux du spectaculaire. Ainsi, entre l’intime et le public, entre l’aspect dépersonnalisé et les connotations émotives très lourdes, la chambre d’hôtel s’offre comme laboratoire de manipulations à la fois très concrètes et très immatérielles. Ici encore, aucune recherche d’un régime gestuel spécifique ou unitaire : il y a des actions, des attentes, des situations suscitées ou non, des jeux avec le mobilier. Et surtout un exercice de cohabitation sans véritable début, sans achèvement non plus – puisqu’une fois le public parti, le chantier peut très bien continuer le lendemain. »
Laurence Louppe, extrait de « Chambres, sites, etc. », artpress, avril 1999