Pedro Pereira
né en 1969 à Lisbonne, Portugal
vit et travaille à Rennes, France

Pedro Pereira, Sans titre (hommage), performance, vue de l’exposition Art envie, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2003
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras

Pedro Pereira, Sans titre (hommage), performance, vue de l’exposition Art envie, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2003
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras

Pedro Pereira, Sans titre (hommage), performance, vue de l’exposition Art envie, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2003
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras
Sans titre (hommage), 2003
Le pasteis de nata est un gâteau typiquement portugais qui existe depuis le XIXème siècle, réalisé avec de la crème fraîche et de la pâte feuilletée. Lors du vernissage de l’exposition Art envie, Pedro Pereira en a recouvert le sol à l’entrée de la galerie sur une surface de 7 m2.
L’art de la pâtisserie est né au Portugal dans les couvents religieux : la recette du pasteis a été confectionnée par les moines de Jeronimos. On comprend alors le geste de l’artiste comme un acte évidemment symbolique, celui du don d’un élément propre à sa culture en signe de bienvenu. Mais ce don demeure très relatif et paradoxal à travers le caractère obligatoire et systématique qu’il revêt, puisque les visiteurs étaient contraints de manger pour pouvoir pénétrer dans l’espace.
Alexandra Gillet

Pedro Pereira, Sans titre vue de l’exposition Art envie, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2003
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras

Pedro Pereira, Sans titre vue de l’exposition Art envie, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2003
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras
Sans titre, 2003
À son arrivée en France, Pedro Pereira a envoyé, dans un français encore approximatif, de nombreuses lettres de motivation et curriculum vitae dans des entreprises ou institutions. Malgré son parcours et ses études supérieures, toutes ses demandes se sont soldées par des réponses négatives. Sans titre présente 24 brouillons de lettres de demande d’emploi, et en dessous de chaque cadre une petite boîte en plexiglas contenant les cendres du courrier de réponse.
Dans ce travail l’artiste évoque la recherche d’emploi comme une expérience commune et connue de beaucoup, mais surtout la difficulté accrue pour une personne étrangère. Au delà, il pointe également les difficultés d’intégration et de socialisation lorsqu’elles ne passent pas par le travail. Cette situation est révélatrice d’un paradoxe comme le décrit Yves Michaud « même quand on habite le déplacement, on ne peut être de nulle part… dans un monde où coexistent des facteurs de déracinement et de métissage puissants et des facteurs d’enracinement toujours réels. »1
Alexandra Gillet
1 Yves Michaud, « Questions sur l’identité en art aujourd’hui : l’universel et le local », ColloqueCulture croisées, Institut d’Etudes supérieures des arts, Paris, 1998

Pedro Pereira, FEL, vue de l’exposition Art envie, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2003
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras

Pedro Pereira, FEL, vue de l’exposition Art envie, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2003
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
photo : Benoît Mauras
FEL, 2003
L’œuvre de Pedro Pereira se compose des trois lettres F, E, L, réalisées en volume et recouvertes de pan masala, un mélange d’épices indien. Dispersées dans l’espace, le spectateur en se déplaçant provoque un jeu visuel avec les lettres. Il les déplace, en compose ou décompose le sens, les assemble selon différentes combinaisons ; ainsi » Fel » qui signifie en portugais » amertume « , lu à l’envers » LEF » évoque les initiales de la devise de la France » Liberté, Egalité, Fraternité « .
Selon le dictionnaire portugais / français, le terme fel comprend différentes significations ( fel s.m. 1.fiel, amer ; 2.bile ; encher de fel enfieller ; fazer-se de fel e vinagre se faire de la bile ; ser pomba sem fel n’avoir point de fiel). Ici les référents sensoriels (le goût que laisse dans la bouche un sentiment de déception, l’odeur des épices, leurs couleurs attrayantes, la matérialité de l’objet) sont une manière pour Pedro Pereira de placer au centre de son travail l’expérience sensible et physique de l’œuvre. Le jeu de lettres » FEL « , » LEF » stigmatise cette expérience, ici personnelle, mais néanmoins collective, du déplacement et du déracinement, avec tout ce que ça implique d’espoir, de nouveauté, de curiosité, et la confrontation à une réalité éloignée des grandes déclarations d’intention.
Alexandra Gillet

Exposition
Art envie
Marika Bührmann, Cirrus, Rozenn Nobilet et Pedro Pereira
du 12 septembre au 17 octobre 2003