Lena Goarnisson

né en 1956
vit et travaille à Brest, France


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Lena Goarnisson, Déplacements, 2000 – 2001

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Lena Goarnisson, Déplacements, 2000 – 2001

Déplacements, 2000 – 2001

"40 plombs pour Garlon L 60 , Saully le Hameau , juillet 1999", photographie couleur contrecollée sur aluminium, 60 x 80 cm
texte imprimé sur papier offset, 21 x 29,7 cm

Déplacements est un travail artistique entrepris depuis 1997. La question de notre relation aux morts – et à la mort en général dans notre société contemporaine – a été choisie comme point de départ d’une réflexion collective (…) Ce projet installe dans le temps un engagement mutuel.

C’est un atelier ouvert, où chaque relation engendre la particularité d’une réponse. La proposition est ainsi formulée :

  • 1 – choisir dans son environnement quotidien un événement dramatique ayant entraîné la mort d’une ou de plusieurs personnes (…)
  • 2 – recevoir chez soi un objet en plomb, une simple tablette en mémoire de cette ou de ces personnes disparues tragiquement.
  • 3 – accepter de converser, de correspondre avec l’artiste, de prendre le temps de créer ses propres associations d’idées, d’images, en relation plus ou moins directe avec cet événement.
  • 4 – réfléchir ensemble à trouver forme et trace de cette relation : soit en élaborant une réponse, dérivée des contenus de la relation engagée ou d’événements quotidiens survenus dans le temps de cette relation.

présentation du projet dans le document mis à disposition du public pendant une année, et le sollicitant pour devenir acteur du projet

« La relation qui m’a le plus permis d’exposer la dimension politique du projet est le travail réalisé avec Riwan Tromeur en Bourgogne. Il y a eu dialogue, entente, et la commande d’une quarantaine de plomb à installer chez lui, visibles sur la photographie montrée à La Criée, est le résultat d’un processus très élaboré. Les morts choisis de façon éclectique mais pensée viennent remplacer la mémoire d’ouvriers usés par les conditions de travail dans une usine dont l’artiste est propriétaire. C’est une réponse au danger de transformation ethnographique d’une usine classée au patrimoine industriel de la Bourgogne : nous n’avons pas réalisé un mémorial. Nous avons trouvé une transposition contemporaine de la manière dont les corps sont exploités aujourd’hui, non pas au travail, mais dans l’expression de conflits sociaux (crimes racistes, sexuels, homicides idéologiques, crimes politiques, suicides exemplaires). D’ailleurs, j’ai choisi de faire figurer dans le dépliant publié pour La Criée le cas d’un suicide politique, celui de Human Bomb, Eric Schmitt, preneur d’otage dans une maternelle de Neuilly, dont le maire, Nicolas Sarkozy, était à l’époque des faits, le 15 mai 1993, ministre. Eric Schmitt a exposé, par son geste, son échec social d’informaticien au chômage et a tenté de responsabiliser les hommes politiques inféodés aux lois du marché. Son pari a été entendu puisqu’il a été éliminé par le RAID sur ordre du ministre Charles Pasqua. La mort de Eric Schmitt est une performance tragique, minorisée en déséquilibre psychologique ensuite par les médias.
Je fais en général cette lecture de l’exposition publique d’un problème dès qu’il y a passage à l’acte, crime ou suicide. Toute transgression de la loi éclaire la loi. Le terrorisme frappe au hasard et les états organisent l’exemplification de la mort. »

Lena Goarnisson, entretien avec Larys Frogier


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Exposition

Juste au corps

Adel Abdessemed, Micha Derrider, Mickaël Phelippeau, Rui Chafes, Maëve Dupuis, Maria Hahnenkamp, Natacha Lesueur, Philippe Meste et Nicola

du 16 juin au 2 septembre 2000