Latifa Laâbissi
née en 1964 à Grenoble, France
vit et travaille en Bretagne, France

Latifa Laâbissi, Habiter, 2007
production : 391, La Criée centre d’art contemporain et Station Mobile, Rennes
photo : Jocelyn Cottencin

vue de l’installation de Nadia Lauro I hear voices dans le cadre de l’exposition Habiter de Latifa Laâbissi, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007
production : 391, La Criée centre d’art contemporain et Station Mobile, Rennes
photo : Benoît Mauras

vue de l’installation de Nadia Lauro I hear voices dans le cadre de l’exposition Habiter de Latifa Laâbissi, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007
production : 391, La Criée centre d’art contemporain et Station Mobile, Rennes
photo : Benoît Mauras

vue de l’installation de Nadia Lauro I hear voices dans le cadre de l’exposition Habiter de Latifa Laâbissi, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007
production : 391, La Criée centre d’art contemporain et Station Mobile, Rennes
photo : Benoît Mauras
Habiter, 2007
Latifa Laâbissi, chorégraphe, propose un solo dans un espace quotidien, ou plus précisément chez les habitants d’une ville. Elle a mis en place un protocole. Après un repérage, une dérive dans la ville, elle diffuse une petite annonce dans les journaux locaux et sur des panneaux prévus à cet effet dans quelques magasins :
« Artiste chorégraphe recherche un habitant qui accepterait d’accueillir chez lui un projet de danse. La proposition est gratuite et nécessite deux heures de disponibilité. Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter le 06 .. .. .. .. »
Suite à une première rencontre téléphonique, lors de laquelle elle décrit son intention et sa manière de procéder, Latifa Laâbissi se rend chez l’hôte de sa danse. Après un échange et une visite de l’habitation, elle définit l’espace où le solo s’inscrira (la salle à manger, un couloir, la cuisine, etc.). En ce temps, elle observe la manière qu’a son hôte d’ouvrir son intimité, sa « maison », son « chez lui » à un étranger et de lui céder un espace pour le recevoir. Sans rien changer à son agencement, elle s’attarde alors dans cet espace, l’investit. Elle laisse à son hôte le soin de décider d’assister ou non au déploiement de sa proposition.
Latifa Laâbissi est accompagnée de Sophie Laly, vidéaste et de Jocelyn Cottencin, artiste et graphiste. Les films et les photographies réalisés constituent la matière pour la suite du projet : des séances de visionnage des films chez certains des habitants, pour les regarder ensemble, c’est-à-dire une rencontre entre l’équipe artistique, les habitants et leurs invités, un moment commun et une discussion autour de cette expérience. Le cadrage est un plan fixe sur un espace et ses objets dans lequel la chorégraphe rentre pour un solo d’une durée de dix minutes. Une fois terminé, elle disparaît dans le hors-champ.
Danser chez quelqu’un, filmer cette danse, pénétrer l’espace de l’autre engendre une variété des comportements. Du partage de l’intime au sentiment d’intrusion, à l’étonnement, la chorégraphe rencontre l’autre et sa manière d’arranger son lieu de vie. Sa gestuelle qui rompt les figures quotidiennes de ces lieux, son statut d’étrangère, suscitent chez ses hôtes des récits singuliers dans lesquels chacun s’invente et à laquelle se joint leur idée de la danse. Cette invitation peut créer des petits états de chocs, des silences. L’hôte est témoin de cet usage nouveau de son propre espace et du déplacement de ses attributions habituelles ; différentes couches de son réel s’y entremêlent : évocations, projections, fictions, souvenirs.
Pour Habiter à Rennes, Latifa Laâbissi invite la scénographe et artiste visuelle Nadia Lauro à concevoir un espace pour La Criée, I Hear Voices, qui deviendra un potentiel de fiction, un espace à habiter par le public. Latifa Laâbissi pense également ce projet avec des architectes et des théoriciens.
I Hear Voices est une sorte de paysage en fourrure avec un environnement sonore, à investir durant toute la durée de l’exposition. C’est un espace immersif, entre «jardin mental» et «salle d’échauffement pour public», qui est scénarisé de façon spécifique pour générer des manières de voir et d’être ensemble inédites.