Jocelyn Cottencin

né en 1967 à Paris, France
vit et travaille à Rennes, France


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Jocelyn Cottencin, Music is at full blast, deafening silence, vue de l’exposition Just a Walk, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

Music is at full blast, deafening silence, 2007

néons, transformateur, câbles, 300 x 400 cm

Music is at full blast, deafening silence est une phrase qui se matérialise et se déploie sur le mur à partir de tubes en néon bleu.

Elle donne à lire : « La musique est à fond, le silence assourdissant ».
Mais l’œuvre ne réduit pas à ce seul acte de lecture optique.
En effet, le visiteur se saisit de cette déclaration aussi bien par ses qualités sculpturale, lumineuse, typographique que sonore. Ces données, volontairement confondues par l’artiste le temps d’un regard, propulse l’énoncé dans une cascade de mouvements incessants :
• le mouvement est d’abord celui du gaz de néon circulant à l’intérieur du tube, mais aussi celui de la diffusion de cette lumière bleue au-delà du tube, modifiant les coordonnées du lieu, laissant la possibilité au visiteur d’appréhender autrement l’exposition.
• le mouvement tient également de la typographie conçue par l’artiste, une typo « BF-15 » qui a ce pouvoir d’amorcer des connexions et des embranchements rhizomatiques. En d’autres termes, si c’est dit , là dans l’espace, tout reste à faire et à défaire, perpétuellement.
• le mouvement est enfin ce pouvoir que l’œuvre a de donner à voir du son : la puissante visualité de la phrase génère des images sonores qui ne sont certes pas audibles, mais des images qui sont lourdes de sons et de sens : cacophonie du monde consommable, répression des sons du vivant, babils de surface et violence d’un réel étouffé.

De fait, le visiteur est simultanément pris entre absorption et méfiance critique quant à l’expérience de l’œuvre. Ce sont certainement ces écarts et ces relations insoupçonnées qui la qualifie d’une puissance (é)mouvante et déstabilisante.

Larys Frogier


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Jocelyn Cottencin, Sans titre (Just a Walk), vue de l’exposition Just a Walk, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

Sans titre (Just a Walk), 2007

photographie, caisson lumineux, 184 x 224 cm
photographie, caisson lumineux, 184 x 224 cm
photographie, caisson lumineux, 144 x 114 cm

Jocelyn Cottencin a réalisé Sans titre (Just a Walk), trois photographies qui concentrent notre attention sur des êtres pris dans une action physique concrète comme la marche, ou au contraire livrés à l’abandon de la pensée et du corps.

L’action s’y définit non pas en terme de finalité (la possibilité d’un récit fictionnel est laissée au spectateur) mais davantage en termes de flux et de rythmes.
L’usage du caisson lumineux a pour effet de « réfléchir » l’image hors-cadre et hors-contexte des lieux saisis par la photographie. La diffusion de l’image par la lumière vient se frotter aux autres formes de déambulation du visiteur de l’exposition. Elle atténue et modifie sensiblement les délimitations et repères établis.

Ce qui est au cœur du processus créatif chez Jocelyn Cottencin, c’est l’abandon d’une maîtrise du regard pour tenter de former des images contenant déjà autre chose que ce qu’elle donne à voir : un ailleurs, une autre temporalité… Au-delà de la contemplation qu’elles suscitent dans un premier temps, les œuvres de Jocelyn Cottencin nous échappent. Souvent imposantes mais jamais spectaculaires, elles laissent place au doute et à une perception incertaine. Derrière le flottement des situations, la lenteur d’un mouvement, la rondeur d’une forme, émerge alors une posture critique qui s’oppose à toute forme de séduction facile.

Larys Frogier


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Jocelyn Cottencin, Paysage / Alors, il y a cette île, vue de l’exposition Just a Walk, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Jocelyn Cottencin, Paysage / Alors, il y a cette île, vue de l’exposition Just a Walk, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Jocelyn Cottencin, Paysage / Alors, il y a cette île, vue de l’exposition Just a Walk, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Jocelyn Cottencin, Paysage / Alors, il y a cette île, vue de l’exposition Just a Walk, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

Paysage / Alors, il y a cette île, 2007

impression sur bâche, caisson lumineux, châssis en bois 304 x 239 x 50 cm
dessin mural à la mine graphite, dimensions variables

L’œuvre Paysage (2007), large caisson lumineux solidement ancré dans le sol de la galerie, éclaire la photographie d’un plateau d’Ecosse, vaste étendue aride balayée par le vent et les nuages.

Mais ce n’est pas tout. La lumière qui se diffuse du caisson photographique irradie discrètement vers une masse flottant sur une des parois du centre d’art : il s’agit d’un dessin mural réalisé par l’artiste au graphite, dessin esquissant un bloc en cours de formation, suggérant un mouvement, une modulation, un surgissement ou au contraire un effacement. De cette masse affleure l’inscription suivante : Alors, il y a cette île.

D’où cet autre constat de débordement : le dessin échappe à sa propre condition de disegno c’est-à-dire à la tentative d’une représentation parfaite et idéale de la réalité. En premier lieu, le dessin n’est pas une ligne mais une masse informe. Ensuite, lorsque le dessin devient tracé, il le devient dans sa seule condition d’écriture. Ce tracé en écriture porte en lui-même un autre paradoxe : il acquiert une dimension graphique non pas simplement pour faire signe, décrire et faire sens, mais plutôt pour visualiser l’amorce d’une dissémination de la lettre et de l’image. En effet, la typographie « racine » conçue par Jocelyn Cottencin engage l’œuvre dans un processus de prolifération et de transformation. Le dessin, le graphisme et l’écriture se ramassent donc dans la qualité matérielle de l’informe et dans l’acte performatif d’énonciation plutôt que dans celui de la description ou de l’explication. Ou comment visualiser l’en-deçà de l’écriture et de la représentation visuelle. L’énoncé lui-même, « Alors, il y a cette île », n’a rien d’un récit explicite : à l’inverse d’une indication exotique, il rend sensible un ailleurs, une insularité directement inscrite dans le bâtiment du centre d’art et au cœur de la construction subjective du visiteur.

L’ailleurs ça a lieu ici-là : souci de soi et fabrique de l’art. Avec la proposition de Jocelyn Cottencin, c’est la notion de territorialité possédée et définie qui s’effondre au profit des qualités propres à l’insularité qui sont celles de la dérive bénéfique, de l’ouverture à l’étrangeté, du passage entre des espaces forcément contradictoires.

Larys Frogier « Dropping Pictures » ,Just a Walk, Rennes : Lieuxcommuns, co-édition Frac Bretagne, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2008.


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Jocelyn Cottencin, Praticable n°65 (relief), vue de l’exposition Just a Walk, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Jocelyn Cottencin, Praticable n°65 (relief), vue de l’exposition Just a Walk, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2007

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

Praticable n°65 (relief), 2007

bois, contreplaqué, 270 x 153 cm

Practicable n°65 est un module en bois posé au sol formant une rampe à la forme ondulatoire. Sur ses côtés, la structure est volontairement laissée visible avec ses tasseaux de bois qui soutiennent la rampe.

Aucune peinture ni élément décoratif ne viennent recouvrir ce module. C’est au visiteur de l’investir visuellement avec ses propres interprétations et physiquement dans des postures d’allongement, d’assise ou des activités ludiques.

Praticable n°65 se veut simple pour mieux laisser jouer son ambiguité entre sculpture, mobilier d’intérieur, rampe de skate-board. La forme sobre et indéterminée se veut ouvertement minimaliste mais elle peut aussi suggérer la métaphore d’un élément liquide comme une vague de surf, ou encore une figure virtuelle conçue sur ordinateur.

Le titre de l’œuvre fait enfin référence aux praticables utilisés dans les arts du spectacle sauf que, déplacé dans l’espace d’exposition, le praticable acquiert ici un statut autre et une fonctionnalité différente.

Larys Frogier


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Exposition

Just a Walk

Jocelyn Cottencin

du 26 janvier au 25 mars 2007

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Résidence

Just a Walk

Jocelyn Cottencin

de mars 2005 à mars 2007

AFFICHE VIGNETTE

Œuvres produites

Atelier Lieuxcommuns

  • Identité graphique La Criée, 2008
  • Typographies LC, 2008