Comment l’art participe-t-il à entrer en résonance et à prendre soin de celles, ceux et ce qui nous entourent ? Cette question, qui irrigue l’œuvre de Violaine Lochu depuis plusieurs années, est au cœur de l’exposition Pharmakon / Reboot. Pour y répondre, l’artiste nous en adresse une seconde, simple et directe, qui ouvre cependant des mondes, voire des abimes : de quoi aimeriez-vous guérir ?
S’intéressant aux interactions entre humain et végétal, l’artiste, pour activer ces questions, a mené une recherche en plusieurs temps. Elle est d’une part allée à la rencontre d’herboristes, ethnobotanistes et magnétiseur·euses de Mayenne. Elle a d’autre part écouté et recueilli des paroles auprès de rennais·es éprouvant différents maux, en amont comme au cours même de l’exposition. C’est cette matière récoltée, qu’elle traduit, transpose et recompose pour créer des écritures musicales et plastiques nouvelles :
L’exposition Pharmakon / Reboot a une dimension rituelle forte, qui emprunte à des savoirs indigènes locaux ou lointains autant qu’elle s’insère dans une histoire récente de la performance. Ainsi, ce sont à des rituels de guérison auxquels se livreront les performeuses pour l’ouverture puis pour le finissage de l’exposition. Et ce sont également des rituels de soin, liés aux vœux déposés par les visiteur·euses, qu’accomplit régulièrement tout au long de l’exposition l’équipe d’accueil et de médiation du centre d’art. L’artiste et l’institution réfléchissent et partagent ici de nouveaux dispositifs de présentation et de transmission.
Avec Pharmakon / Reboot Violaine Lochu met sa voix à nu pour recomposer, faire entendre et accompagner nos maux. Les questions centrales que l’artiste nous adresse dans cette exposition en appellent d’autres : comment gestes et savoirs modernes et vernaculaires peuvent-ils se mêler et se compléter ? Comment une exposition peut-elle accueillir et écouter ? Une œuvre peut-elle être à la fois intime et collective, poétique et politique ?
Pharmakon / Reboot offre ainsi une réflexion autour du décloisonnement des formes et des pratiques – artistiques, médicales, sociales –, rendu possible par la mise en commun des savoirs et la (ré)invention de gestes de soin.