« The Sun is the only Ally »

Géographie : « The Sun is the only Ally »

Au travers de son exposition « The sun is my only ally » Charbel-Joseph H. Boutros nous ouvre les portes de son voyage, de sa géographie et nous implique directement dans son parcours et ses mouvements.
Quelles sont les dimensions géographiques abordées au travers de l’exposition « The Sun is the only Ally ? » Comment l’auteur les caractérises t’elles ?
La notion de géographie est imposée dans l’exposition à toute les échelles. Une dimension géographique  est un rapport entre un être humain et des espaces. C’est une dimension dans laquelle s’organise et vit l’homme allant de son environnement et sa temporalité. Il existe différentes dimensions géographiques, certaines sont « palpables » :un lieu défini, existant, cartographié… et certaines sont « impalpables » : géographie temporelle, du rêve, de l’imaginaire… L’auteur, fasciné par ces géographies veut également souligner la notion de mouvement qui les lies entre elles. Comment se déplacer entre ces géographies, qu’est ce qui les rejoint ? Par quels moyens ?

Géographie Internationale

Dans cette exposition les dimensions géographiques internationales prennent une importance considérable. On retrouve plusieurs œuvres aux histoires originales alliées à des origines qui amènent le spectateur à voyager. Le Brésil, le Liban, la Belgique, la Grèce et bien d’autres pays font de cette exposition bien plus qu’une simple démonstration d’objets de tous les jours, mais bel et bien un moyen de voyager à travers les différents témoignages et les multiples facettes de ses objets particuliers. En effet chaque objet intègre une dimension de voyage, d’excursion et/ou de déplacement.

On retrouve beaucoup la cire dans les œuvre de Charbel Joseph H.Boutros. Ce matériaux qui permet à l’auteur de figer les objets dans le temps est lui aussi réfléchis de manière à faire voyager le spectateur. En effet cette cire si particulière provient d’une église au Liban c’est encore une fois un moyen pour l’auteur d’emmener le visiteur dans son pays d’origine et de les faire voyager à travers son univers.

D’autres objets intègrent à la fois l’intime et cette notion du voyage international. « Life Variation The marble, The Ring and The continents » est une représentation d’une période intime de l’auteur durant laquelle il a pu voyager et construire de nombreux sentiments. Ses stèles qui, à première vue, ressemblent à un cimetières sont en réalité la représentation des différents voyages qu’il a pu faire accompagner de son ex compagne. Les différents morceaux d’anneaux sont eux une image de la rupture de l’auteur avec cette partie de son histoire intime. La provenance des différents marbres est un parallèle avec les différents pays qu’il a pu visiter avec son ex compagne : La Belgique, La Grèce, La France, Le Brésil et le Liban.

L’une des œuvres les plus démonstrative de ce coté voyageur de Charbel Joseph H.Boutros est l’œuvre « Drink Europa » un verre mélangeant l’eau des 27 pays européen. C’est une représentation parfaite du voyage de l’auteur, mais aussi un moyen de condensé ces 27 pays qui constituent l’Europe en un simple objet du quotidien.

Géographie de l’exposition

L’artiste va jusqu’à cartographier sa propre exposition. Il met par exemple en place un « Catwalk » (œuvre n°2) sur lequel le personnel du centre de La Criée doit marcher pour se déplacer. Le personnel ne doit jamais fouler le sol de l’exposition.Il joue également sur les hauteurs, les niveaux , choisit d’isoler certaines pièces et impose des mouvements et des directions inhabituelles aux visiteurs… l’exposition et les œuvres prennent en considération le contexte qui les entourent. Par exemple l’œuvre « I Guess That Dreams Are AlwaysThere » (œuvre n°11) qui prend la forme d’un lit est positionnée très haut et oblige le visiteur a modifier sa ligne de vue. Il est également possible de passer à côté de certaines œuvres ou de ne pas les voir dès le début,  C.J.H.B renforce cet « aléatoire » de l’exposition.

Géographie de l’intime

L’intime à travers le temps
L’auteur exprime à travers ses œuvres des sentiments profonds, relatifs à son intimité, à ses souvenirs, à son passé… L’exposition reflète une cartographie de ses souvenirs et de son intimité. La notion de temps semble être importante pour C.J.H.B. Le temps qui passe, qui laisse une trace .Cette notion de temporalité est quasi présente dans toutes ses œuvres . Nous retrouvons dans « Days Under Their Own Sun » (œuvre n°10) une géographie de l’instant. Les feuilles du calendrier libanais ont toutes été exposées au soleil sur le même créneau mais à des jours et des lieux différents. Les teintes s’en voient variées, il a réussit à « mettre sur papier » cet instant.
Un second exemple de temporalité est celui de l’œuvre « Life variation » (œuvre n°6). Il s’agit d’un bloc de béton dans lequel l’artiste a disposé une pastèque. Le béton a séché, la pastèque a laissé sa trace et l’artiste a retiré le fruit. Seules trois graines de pastèques restent au fond du creux. Symbolisant les organismes vivants qui évoluent, qui croient et qui périssent. Le cycle se renouvelle infiniment. La présence de graines d’une prochaine pastèque semble rendre cette œuvre éternelle, comme cyclique.
Enfin nous retrouvons l’œuvre « Amitié » (œuvre n°7) qui se compose de deux baskets (Stan Smith). L’une d’elle a été portée par l’artiste lors de ses voyages en Europe et la seconde par son ami vivant à Beyrouth pendant 6 mois. Il les réunit pour l’exposition. L’usure des chaussures, leur teinte, leur forme exprime cette temporalité propre aux deux hommes qui paraissent si loin et en même temps si proches quand on est face à l’œuvre.

L’intime à travers le rêve
L’auteur tente également de cartographier l’univers du rêve par le bais d’une représentation géographique. Par exemple (l’œuvre n°17), « Night Archive » tente de représenter par la peinture la quantité de rêve durant un cycle de sommeil. Cette représentation poétique permet à C.J.H.B de proposer aux visiteurs, une immersion dans le monde des rêves du personnel du centre d’art. Toujours dans cette recherche de permettre aux visiteurs de voyager, cette fois il s’intéresse au monde du rêve et tente de plonger le spectateur dans le monde intime des autres.

Conclusion

L’auteur va plus loin dans la recherche de géographie, en tentant même de créer un espace impalpable, invisible, isolé de tout, avec son œuvre « 2m Long of Isolated. » Pour C.J.H.B la géographie semble essentielle jusqu’à la vente de ses œuvres. Par exemple, l’artiste désir séparer les cinq stèles de marbres lors de la vente, de sorte à ce qu’elles soient emportées dans différents pays.On retrouve plusieurs point impactant dans l’exposition de CJHB qui tournent particulièrement autour des dimensions géographiques. La dimension du voyage prend aussi une place importante et l’auteur partage cet intérêt tout en essayant de faire voyager le visiteur lui-même. Il exprime des géographies à différentes échelles certaines plus terre à terre, d’autres plus impalpables, invisibles. CJHB expose ici son expérience de voyageur et de sa vie intime.

Decourcelles Clément, Nouadje Thibô, Delaporte Mona