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Art et lien social


Dans le cadre de leur activité de création, nombreux sont les artistes contemporains qui sollicitent volontairement les habitants d’une collectivité, les membres d’une communauté culturelle, les professionnels d’un équipement de quartier, les usagers d’un lieu de vie sociale.

Activation d’une œuvre plastique ou d’un événement performatif, réalisation d’un dispositif architectonique, création d’un jardin collectif, organisation d’une rencontre festive, captation de portraits et collecte de paroles d’habitants…, ces quelques propositions artistiques revisitent les modalités de travail et les liens qui se tissent entre artistes, habitants, professionnels du secteur social et de l’art. Elles déplacent aussi de manière significative les dispositifs de visibilité des œuvres, rendant davantage fluides mais pas moins complexes les rapports qu’entretient la collectivité à l’art contemporain.

D’autre part, des équipements de quartier, services municipaux ou associations d’habitants collaborent volontiers avec des artistes pour les inviter à concevoir et à réaliser un projet dans lequel seraient visualisés, questionnés des enjeux esthétiques et sociétaux. Ces sollicitations sont évidemment émises à partir de contextes de travail qui sont très spécifiques d’un territoire à un autre, d’une structure à une autre, d’un groupe d’individus à un autre. Certains acteurs pourront par exemple être très ouverts sur la manière d’accueillir et d’accompagner le projet d’artiste, d’autres préféreront davantage pointer un espace de vie à investir, une question culturelle à débattre au sein d’une communauté ou d’une structure. Mais une double priorité semblent réunir les artistes, acteurs sociaux et professionnels de la culture :
Comment les projets d’artistes participent à la construction d’une autonomie de regard et de pensée au sein d’une collectivité ?
Quelle peuvent être les prétentions, les moyens de l’art pour participer à la construction de la citoyenneté ?

Ces sollicitations croisées interrogent fondamentalement les places de travail de chacune des parties – artistes, partenaires sociaux, lieux d’art contemporain – et les relations qui s’y tissent.

  • De l’acte artistique à l’animation culturelle, du partage d’enjeux communs à l’instrumentalisation de l’un par l’autre, de la réalisation du projet d’artiste à sa médiation culturelle, tout est question de nommer l’engagement de chacune des parties :
  • – engagement de l’artiste vis-à-vis de sa propre production et la manière dont il entend la négocier avec ses partenaires et ses publics ;
  • – engagement des professionnels du champ social qui positionnent volontairement l’acte artistique au cœur d’un projet social et culturel ;
  • – engagement des lieux d’art contemporain qui choisissent de soutenir la production d’un projet d’artiste et de l’accompagner avec ses partenaires sociaux lors de sa réalisation et de sa médiation.

La création du pôle de recherche « Art et lien social » entend alors positionner les membres de ce pôle en faveur de ces engagements artistiques et sociétaux.

  • Le pôle de recherche « Art et lien social » aura pour objectifs de :
  • Réunir des artistes, acteurs sociaux, professionnels de l’art et chercheurs (sociologues, historiens…) pour formuler, questionner, débattre sur les formes de la création contemporaine œuvrant avec l’espace social.
  • Contribuer à une meilleure connaissance des projets d’artistes et de leur riche diversité.
  • Développer les savoir-faire et les outils de médiation entre le projet d’artiste, les acteurs sociaux et artistiques, les publics.
  • Améliorer la connaissance des nouvelles formes de réception de l’art contemporain où la notion de public laisserait davantage la place à celle d’usager de l’art et de l’espace social.

Les formes de rencontre et de diffusion des activités de ce pôle de recherche se déclineront par des journées professionnelles puis par des rencontres publiques et des publications. On aura donc compris que le pôle de recherche art et lien social ne prétend pas œuvrer en faveur de discours généralistes et utopiques sur le lien social. Il s’agit plutôt d’avoir l’exigence d’énoncer les possibles et les limites d’un projet artistique ainsi que d’un projet éducatif et social.